3 novembre 2007

Sur le fil

Face a l’étendue de la vie devant elle, elle ne sait que faire, sauter ou reculer, agir ou s’apitoyer. Les griffes du passé la retiennent, depuis leur antre les vieux démons l'attirent, ils feulent leur complainte, dans leurs bras il est confortable de se blottir. Ils se font aguichants avec leurs sourires et leurs mots doux: "Viens, viens plus près...". Près d'eux elle se sait en sécurité, les ombres de leur monde ne lui font pas peur, elle les connait par cœur. Ils la choient, la couvrent de caresses, elle s'y sent aimée, comprise, et protégée. Pas de peurs ni de doutes tout la haut, juste une atmosphère brumeuse et cotonneuse, qui anesthésie tout sentiment, pas de bon ni de mauvais, un simple refuge en noir et blanc, du haut duquel elle contemple tout. Cette image trouble se substitue si facilement au réel, bercée par la musique elle se laisse aller et recule. C'est si simple de ne pas franchir le pas, si doux, si sur, elle hésite encore.


Un ange passe en contrebas.

Son regard est attiré par cette apparition furtive, son attention aiguisée par cet éclair de lumière. Trop longtemps attendu, le temps la presse, elle sent l'espace d'une seconde le sang battre dans ses tempes. Si elle attend trop les ténèbres et la brume l'envelopperont de nouveau. La peur au ventre elle reprend le chemin de la falaise, cette fois elle ne renoncera pas. Du bout des doigts elle frôle la paroi rugueuse de sa tour d'ivoire, une larme coule le long de sa joue, mais elle n'y prête pas attention. Elle porte sur le dos le sac de ses angoisses, il est lourd. Elle s'en fout, cette fois ci elle aura le courage d'aller jusqu'au bout, plus rien ne peut la retenir. Elle veut ressentir de nouveau la vie couler dans ses veines. Tant pis pour les doutes, tant pis pour la peur, tant pis pour le risque, elle se met à courir et se jette dans le vide, pas de regard en arrière, elle entend la plainte aguicheuse des démons s'éloigner peu à peu. Elle ressent le vent sur son visage, l'air de la vie lui caresse les joues, plus elle chute et plus elle se sent légère, elle lâche du leste, peu importe l'atterrissage, elle a franchi le pas et ne peut plus reculer.

Maintenant la lumière lui appartient, à elle d'en faire ce qu'elle veut...

Aucun commentaire: