30 septembre 2009

Memory Flash

Elle sait qu'elle ne la croisera plus là bas, et que ce n’est pas pour cette raison qu'elle cessera d’y aller. Chaque fois elle trouve un prétexte bidon, le soleil, un bouquin, une envie de balade. Et quand elle y est, bizarrement, à l’abri sous son arbre, dans son monde, le temps se fige. Cette incursion, au pays des esprits sans nom ni âge, a éveillé de vieux souvenirs, ouvert une brèche dans les méandres de sa folie. Ça va à son rythme, comme une lente injection qui peu à peu ferait effet. Des sortes de flashs lui illuminent la tête, comme autant d’instantanés qui se révèlent de manière aléatoire. Et elle essaye de reconstituer ce qu'elle peut autour. Le bon, le mauvais, tout ce qui fait partie de l’histoire...



« J’me rappelle une aprèm à Paris. Je n’saurais dire la date exacte, ne me reviennent que les ressentis, de la complicité retrouvée comme à chaque fois que l’on se voyait. Nous nous sommes promenées dans les rues et les parcs de la capitale, enivrées par la douceur de cet été débutant - période à laquelle on se débrouillait pour se retrouver en général. Nous nous sommes arrêtées dans une boutique de bonbons pour acheter du chewing-gum en tube. Ces petits tubes blancs avec un bouchon rose, remplis d’une pâte rose qui se transformait en chewing-gum une fois dans la bouche. Un goût particulier. Un goût de souvenir de môme. Nous étions assises sur un vieux banc des Halles, et nous étions simplement sereines. Heureuses de nos tubes comme des enfants. Profitant pleinement de cette après midi, profitant juste du plaisir d’être ensemble. Nous nous étions promis de remettre ça et on n'y est jamais retournées."



" Il y a aussi eu la période où nous allions en fac ensemble. A Jussieu, j’assistais à ses cours de psycho. Rien à foutre des cours en vrai – intéressée par la psycho ms j’ai jamais su suivre des cours - en fait ce n’était qu’un prétexte pour passer du tps avec elle. Nous n’écoutions d’ailleurs rien aux cours. D’échanges de mots sur des bouts de feuille, en éclats de rires étouffés, nous finissions généralement au Korrigan’s, un pub irlandais juste à côté. A la fin nous allions directement au pub - inutile de perdre du temps avec l’amphi puisque que l’on n’écouterait rien de toute façon – pour passer l’aprèm à boire des vodkas au goût de fraise, violette, chewing-gum ou de tout autre parfum plus ou moins aléatoire. Elle sortait systématiquement un vieux paquet tout éclaté de Fortuna, c’est bête, mais à chaque fois, j’avais l’impression d’être un peu avec elle quand elle fumait sans moi, sorte de soulagement intérieur de ne pas être oubliée. Je crois bien qu’elle a changé de marque de clopes depuis. Un briquet argenté et noir me revient aussi, acheté ensemble dans une boutique kitch du marais, il y a un paquet d’années. Nous parlions, buvions et re buvions, à l’abri dans notre bulle irlandaise. On ressassait le passé, échangions sur nos vie, tant de choses et à la fois si peu. Mais j’aimais ces moments. Encore une fois je ne me rappelle pas exactement pourquoi ni comment ça a cessé. Je sais juste que je suis souvent retournée seule ou avec d’autres personnes dans cet endroit, juste pour y saluer de vieilles ombres familières"


Souvenir de ses 20ans, souvenirs d’une autre vie...


L'addiction est un jour entrée dans sa vie, ses souvenirs se sont envolés lorsqu'elle à emménagé. Compagne de long cours qu'elle ne parviens toujours pas à quitter. Ses chants de sirène ont toujours su lui faire tourner la tête - et oublier le reste du monde. Elle n’a vécu que pour elle pendant une longue période, grisée par le sentiment de lâcher prise qu’elle lui procurait. Forcement elle s’est interposée entre les autres et elle, un barrage de fumée bien trop attrayant, s'est glissé dans le vide qui l'habitait. Dur de reconnaitre et faire comprendre que la défonce est devenue son unique échappatoire face aux démons qui la hantent. Pas encore toxico, elle ressentais surtout un fol élan de liberté qui, une fois son cerveau ralenti, la propulsait dans les airs...



Certaines photos maintenant, refusent tjrs de se révéler, d’immenses blancs dans ses souvenirs fuyants. Sa mémoire s’égare. Les années passent et tout s’éloigne.Toutefois, un album photo placé sur l’étagère, tout à côté de la BO de sa vie, peut s’ouvrir sur un nouveau cliché à révéler…

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