L'envie d'écrire ne la lâche pas, du matin au soir, du crépuscule à l'aube, le cerveau en ébullition, elle contrôle avec peine les pensées qui se jettent dans sa tête comme les vagues qui se fracassent contre les rochers. Aligner les mots l'apaise, jetés en vrac ils se rangent, bien en ordre, systématiquement, le long des lignes, ils se dressent tels des soldats qu'un enfant aurait disposés en rang. Ils glissent sous sa plume, se blottissent les uns contre les autres, s'agencent une vie qui leur est propre dans le cocon douillet de son cahier. Ils n'iront pas plus loin, cracher ses maux lui suffit, comme elle peut, sans ordre ni logique, issus du chaos qui si souvent l'habite.
Elle sombre souvent, aspirée par ses Ombres, avec cette sensation de se débattre en eaux troubles, de bouffer d'la boue avant de finalement tomber inconsciente dans leur antre, le temps de leur macabre danse. Au réveil elle est perdue, désorientée et affaiblie. Ses pensées se réveillent avec elle, encore hantées par ce ballet de démons et lui vrillent les tempes d'une douleur sourde, réminiscence de sa chute passée. Alors elle écrit, son sang est bleu et elle le crache peu à peu
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